En collaboration avec l'association Lolab, l'Olympic et le FRAC des Pays de La Loire, une série d'ateliers est mise en place au collège Auguste Mailloux à Le Loroux Bottereau.
Au départ il y a la démarche de réappropriation et de détournement de 2 artistes précurseurs de l'art multimédia et hybride.
Pierre Henry, l'un des deux, se penche sur l'utilisation des sons de son environnement pour composer des symphonies et pièces musicales diffusées aux quatre coins de la planète.
Dans l'atelier proposé, il s'agit de réutiliser des sons de son environnement quotidien pour en extraire des résonnances, des micro-rythmes, des timbres équivoques, à même d'être réemployés dans une composition musicale, composition au sens ou il y a une intention préexistante, un façonnage intentionnel, parfois accidentel, mais toujours validé par les collègiens preneurs de son.
Ce travail d'édition et de composition audio-numérique a permis l'utilisation de logiciels dédiés, en licence libre et gratuits, initiant les jeunes au travail de prise de son, d'édition, d'arrangement et de composition.
Une seconde partie liée à la création sonore a été axée sur un travail d'écriture, emmenée par le professeur de français, pour inviter les collégiens à débrider leur imaginaire au travers la rédaction de questionnaires inspirés du Surréalisme et du dada.
Des interviews ont été mené, énigmatiques et décalés, pour revisiter les rapports qu'entretiennent les ados avec le monde adulte. Lors de ces interviews, les adultes se sont parfois sentis piégés par le caractère incongru de certaines questions, parfois amusés, toujours destabilisés dans leur souveraineté toute acquise de personne responsable.
Ce travail d'apprentis journalistes burlesques, a permis aux collégiens de revisiter leur rapport aux majeurs, ainsi que le pouvoir des mots, le pouvoir de la présence de micros également.
Par la suite un travail d'édition a été entamé, sur Audacity, afin de selectionner les parties les plus intéressantes, de modifier les contenus aussi, de jouer avec les timbres et les hauteurs des voix, d'inverser les mots et les sens.
Ces deux créations, la composition musicale et l'interview décalée, réalisées par les 5 duos de collégiens (10 créations au total), ont été réinjectées dans une interface offrant la possibilité d'une nouvelle forme de lecture : une table réactive. (retournez vous et vous verrez un modèle de table réactive développée par reactable)
C'est ici qu'intervient Myron Krueger et sa pratique artistique pionnière dans le détournement de camera vidéo.
Au travers une démarche ludique Krueger se pose la question essentielle au sujet de la camera : "peut on utiliser cet outil à d'autres fins que celles pour lesquelles il a été conçu ?".
En suivant cette démarche de curiosité et de détournement, nous avons pu explorer les différentes possibilités des ces techniques récentes issus d'expérimentations artistiques, mais aussi d'universités ou de laboratoires.
Les ateliers ont été menés en valorisant l'expérimentation comme posture de création, expérimenter les médias, les outils...
Pour associer ces 2 parcours artistiques, une table réactive a été conçue avec les collégiens, afin de proposer une lecture, une écoute de leur créations sonores, ouverte et participative.Ainsi Les réalisations ne sont plus figées sur un support conventionnel, mais peuvent être lues dans un espace en multi-diffusion pour provoquer des croisements, des mélanges de ces différentes compositions qui redeviennent à leur tour, matériaux sonores.
Cette table à été présentée au Festival Scopitone 2010