Dans le cadre d'une résidence de travail avec le groupe Echelle Inconnue à Rouen, nous avons tenté de nous interroger sur le devenir et le rôle des dispositifs numériques dans l'espace urbain.

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Ici notre attention s'est portée sur la vidéo surveillance, phénomène ayant pris une ampleur considérable ces dernières années avec comme promesse initiale l'amélioration de la sécurité et de la tranquillité des citadins, la majorité de ces yeux numériques étant implantés en ville.

Cette main mise technologique sur le territoire urbain, déclenche un certains nombre de réactions hostiles à l'encontre d'une possible transformation panoptique d'un territoire public : Forme de prison à l'échelle d'une ville.

Echelle Inconnue a pu déjà travailler sur cette question du contrôle et de la surveillance durant le projet ficher 16, projet inclut dans le cycle de travail « Numérique : un nouveau calque plane sur la ville ».

La phase actuelle est celle du détournement du dispositif technique "camera", ou de la tentative de profaner le dispositif ("c'est à dire de la restitution à l'usage commun de ce qui a été saisi et séparé en eux" ***): Comprendre le fonctionnement et la mise en oeuvre des outils numériques, élaborés dans un premier temps dans les laboratoires de recherches militaires avant d'envahir le marché du ludique et des jeux vidéos, facilitant une acceptation voire une soumission plus aisée du grand public vis à vis de tel dispositifs.

Cette démarche favorise une compréhension des outils ainsi que celles de leurs origines. Une façon de contrôler les artéfacts destinés eux-mêmes à la mise en place de notre contrôle. C'est une pirouette, propre à la démarche de certains hackers activistes, qui développent une certaine curiosité, voir défiance à l'égard des dispositifs numériques envahissant le marché et l'espace public, avec les mérites bienfaisants que leur dispensateurs leur louent.

la tendance générale est à l'acceptation aveugle de ces technologies, devenues accessibles au plus grand nombre, comme un remède aux maux de civilisations (la vidéo-surveillance pour prévenir la délinquance, le téléphone portable pour pallier au manque de communication interpersonnelle...), mais encore et surtout comme une façon d'être à la mode, tendance, dans l'air du temps...
Il va de soit que les choses que l'on nous promet sont la fine couche de vernis qui recouvre bien des controverses trop souvent étouffées (problématiques sanitaires liées à la téléphonies mobiles, coût environnemental du développement technologiques, inefficacité et coût exorbitants de la vidéo-surveillance, surveillance accrue et instrusion dans la vie privée des personnes etc.)

Cinnectiques 1.0 est une recherche en ce sens sur l'impact et la fascination également de tels dispositifs présents dans la ville. En proposant une approche théorique et technique du dispositif, nous expérimentons divers degrés de réappropriations et de refléxions.

Le parti prit de travailler sur la kinect (développée par meecrosoft et rapidement hackée), est une volonté d'appréhender les dispositifs les plus récents afin de suivre le fil de la domestication des technologies de l'information et de la communication.

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La kinect permet à l'ordinateur d'acquérir une vision en profondeur, l'image n'est plus seulement un aplat de pixels en 2D, mais bel et bien une image en 3D, modélisée via une projection Infra rouge depuis la kinect. De cette façon là, il est possible d'analyser tout type d’évènements (formes, couleurs, mouvements, visages...) comme avec une caméra 2D, seulement en faisant abstraction de la luminosité ambiante et avec la possibilité de travailler sur différentes couches de profondeur.

Cette nouvelle apparition dans notre environnement ludico-technologique est en vérité assez révolutionnaire en terme de possibilités. Reste à savoir désormais comment l'implantation potentielle de ces cameras 3D dans l'espace urbain modifiera un peu plus encore notre probable désir de sécurité.

Cinnectiques 1.0 a été présenté lors du vernissage du 8 avril 2011, au local d'Echelle Inconnue à Rouen.
Le dispositif reste en place durant quelques jours et sera surement re-questionner dans de futurs propositions d'Echelle Inconnue.


*** Giorgio Agamben - Qu'est ce qu'un dispositif - rivages poches